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Ces dernières semaines, les agitations autour de la tribune Boulogne ont alimentées l’actualité du PSG. Ce virage laisse, petit à petit, place aux touristes et supporters adversaires plutôt qu’à ses propres passionnée. Faut-il faire revivre la tribune Boulogne ? PSG Community est parti à la rencontre du Block Parisii, groupe de supporters souhaitant faire renaitre Boulogne.

Grâce à l’excellent travail de notre Virage Auteuil et du CUP, la flamme du Parc des Princes s’est rallumée. Cependant, quand est-il de la Tribune Boulogne, le deuxième virage du Parc ? Aujourd’hui, cette tribune est morte, comme en témoigne son incapacité à répondre dignement au légendaire échange Auteuil/Boulogne. Les touristes y sont privilégiés, parfois même les supporters adverses (face au Benfica et au Maccabi Haïfa en Champions League) les prix démesurés et la liberté des supporters bafoué. Toutefois, un groupe de supporters tentent et souhaitent redonner vie à cette tribune : Le Block Parisii. Nous vous proposons donc d’en découvrir plus sur ce groupe, leurs intentions, leur mentalité, leurs projets pour la tribune etc… au cours de cet entretien exclusif 

Le Block Parisii, qui sont-ils ?

  • Peux-tu nous présenter l’association ?

Nous sommes une association de Loi 1901 créée en 2017 par trois jeunes qui se sont rencontrés en tribune : Valentin, Adrien et Amine. Après quelques matchs à discuter de l’ambiance, ou plutôt du calme en tribune, ils ont le projet très ambitieux de créer une association afin d’animer la tribune Boulogne. L’association est jeune et se forge une identité et un socle commun.

  • Combien êtes-vous aujourd’hui ?

Actuellement, nous sommes une centaine d’adhérents âgés de 16 à 58 ans. Vu notre situation en tribune, c’est un nombre honorable. Nous profitons de cette interview pour remercier tous les membres qui croient en notre projet pour leur fidélité sans faille.

  • Quelles sont les valeurs de votre groupe ?

Les valeurs que nous voulons transmettre sont des valeurs de la vie de tous les jours : la tolérance, le respect. Nous sommes liés par une passion commune qui est l’amour du Paris-Saint-Germain. Ce lien qui unit nos adhérents est renforcé par l’appartenance à notre groupe, ce qui permet également de véhiculer des valeurs telles que la fidélité, l’honneur, la fierté… Nous sommes apolitiques et contre la politique dans le sport en général. A notre sens, beaucoup trop de politiciens se servent du foot pour attirer la lumière sur eux ou pour faire le buzz. Ceci trop souvent aux détriments des supporters et des Ultras en particulier.

Un passage au Parc controversé !

  • Comment jugez-vous les quelques années que vous avez passées au Parc ?

En constante évolution. Nous avons commencé sans matos (mégaphone, tambour, drapeaux) et avons réussi – à force de tractations avec le club – à obtenir du matériel, petit à petit. Même si nous voulions toujours plus de choses en tribune et plus d’animations, il y avait le mérite d’avoir un échange sain et franc entre le club et nous. Nous avions un sentiment de frustration, mais qui n’empêchait pas d’être heureux de se retrouver au stade ou en déplacement.

Ces années ont surtout été une phase d’apprentissage (qui n’est pas finie). Nous démarrions de rien, avec de bonnes intentions, mais nous avons souvent été rattrapés par notre inexpérience, je pense notamment au changement de logo et de visuels, ou à notre communication avec nos membres, le club et les autres entités du Parc. Nous n’avons pas à rougir de ces quelques années même si nous aurions pu faire mieux. Et on apprend de ses erreurs. Malheureusement la dynamique a été brisée. Mais nous ne lâcherons rien, nous resterons fidèles à notre principale devise « la Rage de Vaincre ».

  • Quelles ont été les raisons évoquées par le club quant à votre exclusion du Parc en novembre 2020 ?

Un problème de sécurité globale autour et dans le Parc et une crainte du retour des tensions entre les groupes de supporters suite à la charge subie par les Paname Rebirth en marge du match PSG / Leipzig. Comme peut le confirmer l’enquête de police, aucun membre du Block Parisii n’a été impliqué dans cette affaire. Mais une fois de plus, comme en 2010, le club a privilégié une sanction collective sans fondements en sanctionnant de réels passionnés. Ils ont fait un mini plan Leproux.

“Une grande humiliation et une grande honte pour Boulogne”

  • Comment avons-nous vécu le match de Champions League entre le PSG et le Maccabi Haïfa ?

Une grande humiliation et une grande honte pour ce qu’est devenu Boulogne. Ce match était encore plus frustrant que les matchs précédents. Nous arrivons au Parc vers 20h00. Dans les files d’attente, il n’y a que des Israéliens qui se dirigent vers Boulogne. Quand nous arrivons en tribune, c’est la stupéfaction. Un bon tiers de la tribune est occupé par des supporters du Macabi. Les gars ont des écharpes et des maillots de leur club (ce qui est interdit). Les stadiers nous disent que nous ne pouvons pas nous mettre aux places qui nous sont attribuées. Un employé du PSG nous dit de nous mettre où nous pouvons et qu’ils ne veulent ni nous voir, ni nous entendre. Nous nous plaçons donc où nous pouvons à une quinzaine de mètres du contre-parcage de circonstance. Nous tenons à saluer l’excellent travail, la diplomatie et le professionnalisme des équipes de sécurité pour la façon dont ils ont géré ce fiasco.

Le match contre Benfica n’aura donc servi à rien pour nos dirigeants. Un contre parcage avait déjà été improvisé pour accueillir les Portugais présents à Boulogne. Au PSG, on n’apprend pas de ses erreurs. Le match contre Haïfa est classé à haut risque et rien n’a été anticipé. Lors de la réception de Galatasaray en 2019, la plate forme de revente Ticket Place avait été fermée afin d’éviter que des Turcs achètent des places à Boulogne. Mais contre le club d’Haïfa, on a probablement privilégié le pognon à la sécurité de ses propres supporters. En effet, cette organisation aurait pu conduire à des débordements, voire des drames. Nous saluons aussi le sang-froid des supporters parisiens et de nos membres car aucun incident n’a été à déplorer.

Comment le club peut justifier qu’il laisse les supporters visiteurs chantent dans une tribune populaire historique de son stade alors qu’il l’interdit à ses propres supporters ?

  • Avez-vous une date de retour prévue ?

Nous n’avons pas encore de date de retour. Il n’y a pas de volonté du club d’un retour d’un groupe actif à Boulogne pour le moment. Notre priorité est donc de retrouver nos droits en tribune (placement, regroupement et matos). A ce sujet, la communication avec le club est dans une impasse. Nous espérons pouvoir revenir un jour dans de bonnes conditions. C’est notre objectif principal.

Nous n’avons aucune information à ce sujet et nous avons tendance à penser tout le contraire. Lorsque l’on se retrouve, par exemple, un soir de PSG / Benfica avec des dizaines de supporters adverses regroupés à chanter en tribune Boulogne et qu’à côté de ça nos membres n’ont pas le droit de se regrouper, ni même d’encourager leur équipe sous peine d’être virés du stade, nous sommes plus que perplexes. Ça laisse penser à une chasse aux passionnés.

C’est à croire que le club s’est fixé comme objectif d’anéantir la moindre trace de supportérisme actif en tribune Boulogne. Du moins, le supportérisme local, car les maillots des équipes adverses, nous en voyons de plus en plus souvent à Boulogne. Actuellement, la tendance à Boulogne c’est plutôt “Assis, consomme, sors ton téléphone et pas bouger”. Nous sommes donc assez surpris d’entendre cela et aux vues des derniers événements, il semblerait que le club ne compte pas sur nous. L’avenir nous dira si cette tendance est exacte.

“La peur de revoir les démons du passé resurgir” !

  • Quels sont les craintes et les freins évoqués par le PSG ?

Selon nous, la charge contre les Paname Rebirth a fait resurgir les démons du passé (pour rappel, nous avons été disculpés par la police). Nous pensons que le PSG ne veut pas voir renaître des nouvelles tensions entre Auteuil et Boulogne. Ce qui est légitime. Mais nous avons actuellement de bons contacts avec les membres du CUP. Notre credo est que nous sommes toujours là pour supporter le PSG. Nous faisons ce que nous pouvons pour réinstaurer un dialogue sain et franc avec eux. Par exemple, nous informons le club lorsque nous participons à un déplacement, ainsi que le CUP. Une fois de plus, nous tendons la main au PSG pour repartir sur de bonnes bases afin de travailler ensemble dans un climat de confiance pour le bien de tout le monde.

  • Êtes-vous confiant quant à un retour dans un futur proche d’un semblant d’ambiance à Boulogne ?

C’est une question de volonté, s’il y a une volonté du PSG pour cela, tout ira dans le bon sens. Est-ce que nous serons acteurs de l’animation en Tribune Boulogne ? Il semblerait qu’actuellement, la réponse soit non. Quoi qu’il en soit, le PSG tirerait avantage d’une deuxième tribune avec de l’ambiance, et cela passera obligatoirement par un dialogue entre les différentes parties.

“Aucun problème avec le Virage Auteuil !”

  • Comment vous positionnez-vous sur la réputation de la Tribune Boulogne et la relation avec Auteuil ?

Si on parle d’animation en tribune, d’ancienneté et de visuel, ce serait un honneur de pouvoir talonner ce qu’a pu être cette tribune. Une longévité de 32 ans ce n’est pas rien.
Pour ce qui est du côté sulfureux, nous n’avons absolument pas vocation à avoir une force
de frappe dans la rue. Il y a beaucoup de rumeurs sur notre affiliation au KOB mais ça reste du pur fantasme. Les plus belles ambiances du Parc des Princes ont été avec deux virages, la tribune Boulogne est une tribune historique, nous voulons simplement lui redonner vie à notre modeste niveau. Notre objectif est d’être à la hauteur visuellement et vocalement de ce qu’a pu être le Parc des Princes et de ceux qui le font vivre actuellement. Concernant le Virage Auteuil, nous n’avons pas de problème avec eux. Nous voulons rester indépendants vis-à-vis du CUP, mais nous ne sommes pas là pour nous opposer à eux. Ils sont allés chercher leur convention avec le club et se sont battus pour ça, à nous d’en faire de même. Il serait injuste de profiter de leurs efforts alors que nous ne sommes pas dans la même tribune. Notre démarche est saine.

  • Quelles relations entretenez-vous avec la Résistance Parisienne ?

Nous collaborions avec eux pour le bien de la tribune avant nos éviction du Parc. Nous entretenons des rapports cordiaux avec eux pour le bien de la tribune.

Leur regard sur le football-business qui s’implante dans les tribunes du Parc

  • La dimension qu’a pris le PSG engendre aujourd’hui une présence massive de touristes, d’influenceurs au Parc des Princes. Quels regards avez-vous là-dessus?

Fondamentalement chacun fait ce qu’il veut, nous n’avons pas à juger ce que fait untel ou untel, mais cela ne correspond pas à notre vision de la vie d’une tribune. Chacun a le droit d’avoir sa place dans un stade, mais les virages sont et doivent rester festifs, des tribunes populaires où l’on donne de la voix pour encourager son équipe et où les tarifs restent abordables. De notre point de vue, l’ambiance et les animations doivent venir des virages des stades. Les influenceurs et autres profils moins habituels ont évidemment le droit de venir au stade et de profiter du spectacle. Mais il ne faut pas oublier qu’un autre type de supportérisme existe. Des supporters qui donnent de leur temps et de leur argent pour soutenir leur club. Les valeurs transmises ne sont pas les mêmes. Il ne s’agit pas d’opposer, il suffit de respecter tous les profils. Le club en a le pouvoir, ils n’en ont simplement actuellement pas la volonté.

  • Les prix abusifs qui sont appliqués sur Ticket Place peuvent-ils être un frein à votre propre retour?

Ticket Place c’est l’arme n°1 pour lutter contre le foot populaire. Cela peut être un frein pour certains de nos membres évidemment. Beaucoup de nos adhérents ne sont pas encore entrés dans la vie active. Mais le problème touche également tous les supporters du PSG concernés par cette plateforme et un bon nombre de supporters se saignent pour venir voir leur équipe de cœur. Et le pire, c’est que c’est légal. En interne nous avons mis en place un système de revente entre adhérents, afin de minimiser les effets de Ticket Place. Si un abonné ne peut pas se rendre à un match, il le signale et un non-abonné de l’association en profite. Le prix des places est régulé avec un prix maximum de 20 € pour un match de Ligue 1 et 40 € maximum pour un match de Ligue des Champions, évidemment la place peut également être donnée.

Une association également tourné vers la solidarité 

  • Peux-tu nous parler de l’association Unis pour Paris?

Avec quelques membres du Block, ça faisait un moment qu’on parlait de faire des actions solidaires à notre échelle.  On s’est donc lancé dans ce projet de faire des maraudes sur Paris, toutes les deux semaines approximativement. Il s’agit d’une réelle association loi 1901. L’asso est ouverte à tous et non pas seulement aux Blockards. À l’heure actuelle, c’est une trentaine de bénévoles qui donnent de leur temps au profit des sans-abris parisiens. Aujourd’hui, ce sont plus d’une trentaine d’actions qui ont été réalisées et plus de mille repas qui ont été distribués.

Nous remercions le Block Parisii d’avoir accepté cette interview.

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